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Auto train en France : statut actuel et alternatives disponibles

58 ans de service balayés d’un revers de main : en 2019, la SNCF a tiré un trait sur l’auto-train, laissant des milliers d’habitués sans solution équivalente. Depuis, la France s’est vidée de ce mode de transport unique, à mi-chemin entre le confort du rail et la liberté de la voiture individuelle.

Auto-train en France : où en est-on aujourd’hui ?

Longtemps, le service auto-train a offert aux usagers du réseau français une échappée sans pareille. L’idée était simple : déposer sa voiture à Paris-Bercy, grimper dans son propre wagon, ou choisir un autre mode de transport, puis retrouver son véhicule à l’autre bout du pays, à Avignon, Marseille, Nice, Bordeaux, Biarritz, Toulouse, Lyon… et la liste ne s’arrête pas là. Ce service, lancé en 1957 par la SNCF, a rythmé les vacances et les migrations saisonnières de générations de Français.

Mais en décembre 2019, tout s’arrête net. La SNCF, confrontée à un déficit financier chronique (6 millions d’euros engloutis en 2018), et à une baisse de fréquentation qui ne se redresse pas (seulement 68 % de taux de remplissage), décide de stopper l’aventure. Coûts élevés, adaptation difficile aux nouveaux modes de vie et montée en puissance d’autres formes de mobilité ont eu raison de l’auto-train. Pourtant, les bénéfices sont indéniables : un trajet Paris-Nice limitait les émissions de CO2 à 9,2 kg, là où un même parcours par la route en génère près de dix fois plus. Le confort, la sécurité, et une vraie solution pour les seniors donnaient au dispositif une place à part.

Depuis cette fermeture, plus aucune offre nationale n’a pris le relais. Ceux qui veulent déplacer leur voiture sur de longues distances doivent désormais compter, au mieux, sur des services privés, souvent plus chers et moins soucieux de l’empreinte environnementale. Les tentatives de l’association AUTAUT pour ranimer la flamme du train-voiture n’ont pas infléchi la politique publique. Pour beaucoup, le train voiture appartient désormais au passé, laissé à la nostalgie des usagers qui y trouvaient liberté et sérénité.

Pourquoi le service a-t-il disparu et quelles conséquences pour les voyageurs ?

La disparition de l’auto-train en 2019 ne doit rien au hasard. Ce sont d’abord les chiffres qui ont parlé : un déficit structurel de plusieurs millions d’euros par an, un taux de remplissage qui stagne, et une clientèle vieillissante. Malgré l’attachement des particuliers de plus de 60 ans, souvent désireux de rejoindre leur résidence secondaire sans affronter de longues heures de route, le modèle n’a pas résisté à la pression des coûts. Entre la gestion complexe des wagons adaptés et des rampes d’embarquement, les frais logistiques se sont alourdis, sans que la fréquentation ne suive.

Face à cette équation, la SNCF a tranché en faveur de la rentabilité immédiate. Les retombées se font sentir sur l’environnement : là où un Paris-Nice en train limitait l’empreinte carbone, les alternatives routières explosent les compteurs. La loi d’orientation des mobilités de 2019, qui privilégie covoiturage et autopartage, n’a pas inversé la tendance.

Pour les voyageurs, le constat est rude : faire transporter sa voiture aujourd’hui coûte plus cher, prend davantage de temps, et alourdit la facture écologique. Les solutions par camion ou convoyeur individuel imposent délais supplémentaires et flexibilité réduite. L’association AUTAUT continue de défendre le retour de ce mode de déplacement, mais le paysage s’est fragmenté, et la mobilité individuelle à longue distance perd en accessibilité. Ceux qui en dépendaient doivent désormais arbitrer entre dépenses supplémentaires, contraintes logistiques et limitation de leurs déplacements.

Jeune femme avec carte et voiture sur une aire de repos en France

Alternatives actuelles pour transporter sa voiture : panorama des solutions disponibles

Depuis la fin de l’auto-train SNCF, transporter sa voiture par le rail en France relève presque du parcours du combattant. Quelques alternatives existent, mais elles ne jouent plus dans la même catégorie. On passe d’un service collectif, industrialisé, à une palette de solutions individualisées, moins homogènes.

La SNCF s’est associée à Hiflow, une plateforme qui propose plusieurs options pour déplacer son véhicule. Voici les principales formules mises en avant :

  • convoyage assuré par un particulier,
  • convoyage assuré par un chauffeur professionnel,
  • transport sur camion spécialisé.

Entre la prise en charge et la livraison, il faut généralement patienter plusieurs jours, parfois une semaine. Les tarifs, eux, varient selon la distance et le type de prestation retenue. À l’échelle nationale, le transport par camion, proposé notamment par Transports Rabouin, s’est imposé pour les longues distances, mais cette option pèse lourd sur le bilan carbone et sur le portefeuille.

Des alternatives plus durables persistent au-delà de nos frontières. L’autrichienne ÖBB maintient le service Nightjet, qui relie Zurich à Graz ou Vienne à Brégence, permettant d’embarquer son véhicule sur un train de nuit confortable et sobre en énergie. Ce type de service n’a cependant pas d’équivalent en France et séduit surtout une clientèle transfrontalière attachée à la praticité du rail.

Le ferroutage, quant à lui, reste l’apanage des marchandises : camions, semi-remorques, mais pas les voitures particulières. Le service Eurotunnel Le Shuttle offre la traversée de la Manche en voiture à bord d’une navette ferroviaire entre Calais et Folkestone, mais ne propose aucun transport longue distance à l’intérieur du territoire français.

Ailleurs en Europe, le transport individuel de voitures par train se raréfie. Les opérateurs comme Renfe, FlixTrain, Trenitalia ont laissé tomber ce segment. Seules quelques lignes touristiques subsistent en Autriche, en Allemagne ou en Suisse. En France, il ne reste plus que des solutions routières, plus chères, moins écologiques, et souvent plus contraignantes pour ceux qui tiennent à leur autonomie.

À l’heure où la transition écologique s’impose, la disparition de l’auto-train résonne comme une occasion manquée. Qui, demain, remettra sur les rails ce trait d’union entre voiture et train ?