Importance de l’enseignement de l’ABC du domaine financier
42 % : c’est la proportion d’adultes français capables de citer le taux d’intérêt moyen d’un livret d’épargne. Un chiffre qui claque comme un rappel à l’ordre. L’OCDE place la France parmi les lanternes rouges de l’Europe occidentale en matière de littératie financière. Malgré des campagnes institutionnelles répétées, la notion de risque, la différence entre action et obligation, ou la lecture d’un relevé bancaire restent, pour beaucoup, des mystères. Le constat est implacable.
Lancée en 2016, la stratégie nationale d’éducation financière (EDUCFI) tente de combler ce retard. Des ressources existent, mais leur accès reste inégal d’une région à l’autre, et les personnes les plus exposées à la précarité financière demeurent souvent à l’écart.
Plan de l'article
L’éducation financière en France : où en sommes-nous vraiment ?
La France peine à installer une véritable culture financière. Les chiffres de l’OCDE sont sans appel : la majorité des citoyens ne se repère pas dans les notions de base, que ce soit pour calculer un taux d’intérêt ou décoder un relevé de compte. Depuis plusieurs années, la Banque de France observe ce déficit. Malgré la mise en place d’une stratégie nationale en 2016, une grande partie de la population reste toujours à distance de ces savoirs.
Du côté des jeunes, le tableau n’est pas plus flatteur. Dès l’adolescence, les usages numériques introduisent à la consommation et aux transactions, mais l’école ne suit pas. L’éducation financière ne figure pas dans le socle commun, et sa présence dépend surtout de la bonne volonté de quelques enseignants motivés. Le programme officiel, lui, ignore encore la gestion concrète d’un budget, l’anticipation du surendettement ou la lecture d’un bulletin de salaire.
Pour mesurer l’ampleur du phénomène, voici quelques données frappantes :
- Près d’un adulte sur deux ignore le taux d’intérêt moyen d’un livret d’épargne.
- La majorité des lycéens ne sait pas faire la différence entre une action et une obligation.
- Les dispositifs mis en place par la Banque de France atteignent difficilement les publics les plus exposés à la fragilité financière.
La stratégie nationale d’éducation financière ne manque pourtant pas d’outils pédagogiques. Mais la diffusion reste fragmentée, souvent limitée aux grandes agglomérations ou portée par des associations engagées mais isolées. Sur le terrain, la formation des enseignants s’avère déterminante : difficile de transmettre ces compétences si l’institution ne prévoit ni parcours dédié, ni accompagnement adapté. Pendant ce temps, nos voisins européens avancent, intégrant peu à peu l’éducation financière dans les cursus scolaires, alors que la France reste en retrait.
Pourquoi comprendre les fondamentaux de la finance change la vie des citoyens
Savoir manier les bases de la finance ne relève pas du luxe. C’est une clef qui ouvre la porte à l’autonomie. Gérer son budget, anticiper les imprévus, décrypter un contrat ou repérer une situation de fragilité financière : ces compétences influent sur la vie réelle. Elles pèsent sur les choix majeurs, logement, santé, formation, et déterminent la capacité à faire face aux aléas du quotidien. L’enseignement des bases financières permet de prendre de meilleures décisions et d’éviter certains pièges, de l’endettement à l’exclusion.
Les chiffres de la Banque de France le confirment : près d’un ménage sur dix rencontre régulièrement des difficultés à boucler son budget. La jeunesse et les foyers modestes sont les premiers touchés. Quand on ne comprend pas les mécanismes financiers, la fragilité s’installe. Pourtant, la gestion d’un budget ne s’improvise pas. Elle se transmet, elle s’apprend. Là où des programmes d’éducation financière ont été mis en place, les situations de surendettement reculent nettement.
Pour concrétiser ces enjeux, voici ce que révèle l’expérience :
- Bâtir un projet de vie solide commence par la maîtrise des grands principes financiers.
- Décoder les enjeux liés à l’argent donne des armes pour faire face aux coups durs.
- Prendre la main sur son équilibre financier, c’est ouvrir la voie à davantage de liberté.
Généraliser une culture de la gestion budgétaire bouleverse le rapport au quotidien. Les citoyens gagnent en capacité d’action, s’émancipent des contraintes économiques et s’ancrent dans la société, loin de l’angoisse de la précarité.

Stratégie nationale EDUCFI et ressources : des outils concrets pour se former efficacement
Depuis 2016, la Banque de France pilote la stratégie nationale d’éducation budgétaire et financière sous la bannière EDUCFI. L’idée est limpide : fournir à tous des ressources fiables, faciles d’accès et concrètes. Les enseignants et intervenants sociaux disposent aujourd’hui de toute une palette d’outils. Ateliers, modules interactifs, quiz, supports numériques : tout concourt à faire entrer la dimension financière dans le quotidien des jeunes comme des familles.
Chaque année, la semaine de l’éducation financière mobilise établissements scolaires, associations et institutions publiques. L’ABC de l’économie prend place dans les salles de classe, descend dans les quartiers et s’affiche sur les réseaux sociaux. Les contenus, pensés pour être accessibles, invitent à l’analyse : lire une fiche de paie, comparer des solutions de crédit, flairer les pièges d’une arnaque en ligne.
Ce panel d’outils se décline de plusieurs façons :
- Des modules de formation dédiés pour les enseignants
- Des ressources numériques pour l’autoformation individuelle
- Un accompagnement spécifique assuré par les intervenants sociaux auprès des publics vulnérables
Mettre en œuvre cette stratégie exige une mobilisation collective : institutions nationales, éducation, collectivités locales et tissu associatif. L’objectif est clair, rendre les compétences financières accessibles à tous, réduire les écarts d’accès à l’information et soutenir l’autonomie des citoyens face aux défis économiques d’aujourd’hui. La prochaine génération pourrait bien grandir armée d’un réflexe précieux : celui de savoir compter, prévoir, décider.