Causes principales de la mauvaise santé mentale en milieu professionnel
En France, l’absentéisme lié à la santé mentale dépasse désormais celui causé par les accidents physiques. Les arrêts de travail pour troubles psychiques ont augmenté de 25 % en cinq ans, selon l’Assurance Maladie.
Certaines entreprises appliquent encore des objectifs contradictoires qui favorisent la compétition interne, malgré les alertes des experts en risques psychosociaux. Les salariés exposés à une forte demande émotionnelle et à une faible marge de manœuvre présentent un risque accru de détresse psychologique et de burn-out.
Plan de l'article
Risques psychosociaux au travail : comprendre les enjeux pour la santé mentale
Le mal-être s’est installé sur le devant de la scène professionnelle en France. Aujourd’hui, près d’un salarié sur trois se dit en difficulté psychologique au travail, si l’on en croit les chiffres remontés en 2025. Derrière l’acronyme RPS, pour risques psychosociaux, se cachent une mosaïque de tensions : pression, stress, violences, précarité, conflits, perte de repères et sentiment d’isolement. Chaque facteur pèse, chaque cumul aggrave l’impact sur la santé mentale. En 2023, l’INRS constatait une progression de 25 % des maladies psychiques liées au travail. Ce constat interroge : les organisations tiennent-elles encore leur promesse d’un cadre professionnel respectueux de l’humain ?
Le stress au travail n’est pas un simple inconfort. Il creuse, petit à petit, la brèche vers des troubles profonds : burn-out, bore-out, brown-out. Ces syndromes font écho à une exposition prolongée à des conditions délétères, jusqu’à vider le sens du quotidien professionnel. Les faits parlent d’eux-mêmes : 87 % des salariés pointent leur emploi comme la source numéro un de leur état psychologique. Et l’addition est salée : la Dares chiffre à plus de 13 250 euros par salarié chaque année le coût du mal-être au travail.
Voici les principaux facteurs qui alimentent cette spirale :
- Intensité et surcharge des tâches
- Précarité ou incertitude professionnelle
- Autonomie restreinte
- Relations au travail dégradées
- Écarts de valeurs et sollicitations émotionnelles excessives
L’ensemble de ces facteurs alimente la souffrance professionnelle et accélère la dégradation de la santé psychique. Les organismes comme l’OMS, la Dares ou Ipsos ne cessent d’alerter : en France, les arrêts maladie pour troubles psychiques sont désormais en tête des arrêts prolongés.
Pourquoi certains environnements professionnels fragilisent-ils le bien-être psychique ?
Les racines du mal-être en entreprise ne relèvent ni de la fatalité ni du hasard. Elles s’ancrent dans l’organisation du travail, les méthodes managériales, le climat ambiant. La charge de travail qui déborde est souvent la première à être mise en cause : elle engendre tension, épuisement et perte de concentration. S’ajoutent les relations professionnelles abîmées : défiance, conflits, absence de soutien. L’autonomie limitée joue également un rôle décisif. Quand chaque geste est surveillé, que la confiance s’étiole, l’envie s’érode.
Le code du travail (article L4121-1) oblige l’employeur à veiller à la santé mentale et physique des salariés. Pourtant, le déséquilibre entre attentes et moyens, la précarité, le manque de reconnaissance ou encore les situations de harcèlement fragilisent l’équilibre psychique. Les signaux ne trompent pas : troubles du sommeil, fatigue qui persiste, irritabilité, désengagement, taux d’absentéisme qui grimpe. L’OMS et la Dares observent que ces manifestations précèdent souvent l’augmentation des arrêts maladie et le turn-over.
Voici les signes qui doivent alerter :
- Fatigue qui ne décroît pas
- Problèmes de sommeil récurrents
- Désengagement progressif
- Présence irrégulière ou absences multiples
- Dégradation de la qualité de vie au travail
L’atmosphère professionnelle ne se limite pas à la simple répartition des tâches. Elle façonne au quotidien la qualité de vie et influence directement le bien-être ou la détresse ressentie. Là où l’ambiance se détériore ou la reconnaissance manque, les difficultés psychiques se multiplient. Les enquêtes le montrent sans détour : pour une écrasante majorité, le travail est le premier levier, positif ou négatif, qui agit sur l’état d’esprit.

Des pistes concrètes pour prévenir le stress et le burn-out en entreprise
Prévenir les risques psychosociaux représente un levier décisif pour freiner le développement du stress chronique et empêcher les cas d’épuisement professionnel. Ce consensus est partagé par les spécialistes : évaluer régulièrement les expositions aux risques, associer les représentants du personnel et le médecin du travail, c’est anticiper les dérives. Les diagnostics partagés, les enquêtes de climat interne ou les entretiens individuels permettent d’identifier les zones de fragilité.
La formation des managers à la détection des signaux faibles s’avère déterminante. Savoir remarquer une fatigue qui s’éternise, une irritabilité inhabituelle, un repli sur soi : autant de comportements qui doivent interpeller. Les dispositifs de formation, portés par les ressources humaines ou des intervenants spécialisés, donnent aux encadrants les outils pour soutenir, sans juger ni isoler. Noémie Guerrin, spécialiste de la prévention des RPS, rappelle combien il est nécessaire de renforcer le dialogue social et d’ouvrir des espaces de parole sécurisés.
Les structures d’accompagnement psychologique, à l’image de PROPULS’, proposent un soutien sur-mesure, que ce soit en groupe ou individuellement. Valérie Lagarde, psychologue, souligne que le fait de pouvoir exprimer ses difficultés, d’être entendu et accompagné dans une réorganisation adaptée, renoue le lien de confiance au sein de l’équipe.
Pour agir efficacement, plusieurs leviers peuvent être mobilisés :
- Évaluer en continu les risques psychosociaux
- Former et sensibiliser les managers et équipes encadrantes
- Proposer des espaces d’écoute confidentiels
- Travailler sur la charge de travail et l’autonomie accordée
Partout où la prévention de la santé mentale est prise au sérieux, les résultats parlent d’eux-mêmes : rotation du personnel en baisse, climat social apaisé, qualité de vie nettement rehaussée. Miser sur l’écoute, la vigilance et l’accompagnement, c’est bâtir un collectif solide, prêt à relever les défis de demain.