Définition et caractéristiques d’une femme cis
62 % des Français ignorent encore la signification exacte du terme « cisgenre » selon une enquête récente. Voilà un mot qui s’est frayé un chemin dans les dictionnaires, mais dont la définition reste floue pour beaucoup. Ce paradoxe ne doit rien au hasard : le vocabulaire du genre évolue, et chaque nuance compte.
En France, le mot « cisgenre » s’est introduit dans les pages du Robert dès 2017. Sa présence dans le dictionnaire n’empêche pas la controverse, surtout dans les milieux médicaux et administratifs où il divise encore. À l’état civil, aucune mention « cis » n’est attribuée à la naissance, bien que la notion s’impose graduellement dans le discours universitaire et militant.Côté international, l’Organisation mondiale de la santé marque depuis 2019 une distinction claire entre identité de genre et sexe biologique. De nouveaux critères ont ainsi été posés pour différencier situations cisgenres et transgenres, nourrissant encore le débat et la réflexion sur la pertinence de telles catégories pour façonner les politiques publiques.
Plan de l'article
Qu’est-ce qu’une femme cis ? Comprendre la notion de cisgenre
Utiliser le terme « femme cis » actuellement, c’est donner un nom à une réalité jadis muette. On parle ici d’une personne déclarée fille à la naissance, qui, adulte, continue de se reconnaître entièrement dans le genre féminin, sans écart, ni conflit entre sexe noté à la naissance et identité ressentie, et cela, sans avoir traversé de parcours de transition.
Dans le domaine des études de genre, « cisgenre » s’est imposé face à « transgenre » pour clarifier, nuancer, donner des mots à ce qui jusqu’ici relevait d’évidences jamais interrogées. Dans les années 1990, ce terme commence à circuler, d’abord entre scientifiques et activistes, pour enfin éclairer la diversité des trajectoires et remettre en question la vieille habitude de ne penser les identités qu’en deux cases figées.
Devenu familier dans les débats publics et les discussions sur l’égalité, « cisgenre » nomme celles et ceux dont le genre ressenti s’aligne parfaitement avec le sexe attribué à la naissance. Si l’état civil l’ignore encore, ce mot s’est taillé une place parmi les outils du langage pour décrire la pluralité des vécus.
Pour mieux cerner cette notion, on peut retenir plusieurs éléments qui la caractérisent :
- Identité de genre féminine correspondant à ce qui a été inscrit à la naissance.
- Concept forgé dans le lexique des genres, qui permet de mieux saisir la diversité des identités.
- Absence de dissociation entre genre vécu et identité administrative ou biologique.
Les principales caractéristiques d’une femme cis dans la société actuelle
Au quotidien, être une femme cis signifie grandir dans un environnement où l’alignement entre sexe de naissance et genre vécu semble aller de soi. Cette cohérence, souvent invisible, a des conséquences bien précises : elle confère une légitimité rarement contestée, et facilite de fait l’accès à la reconnaissance institutionnelle ou sociale.
Pas de parcours de transition, pas de décalage entre ce que dit l’acte de naissance et le ressenti. Et pourtant, ce vécu n’est jamais identique d’une personne à l’autre. Certaines vivent leur genre de façon affirmée, d’autres plus discrètement, mais cela n’entame pas cette identification stable au féminin.
Être une femme cis en France, c’est souvent échapper à certaines discriminations qui frappent les personnes trans ou non-binaires. Si d’autres inégalités subsistent bien sûr, cette conformité au schéma dominant préserve d’une mise en cause régulière de son identité de genre.
Pour donner corps à cette réalité, voici ce qui illustre le vécu d’une femme cis à l’échelle individuelle et sociale :
- Alignement stable entre le genre ressenti et le sexe à la naissance, sans parcours de transition.
- Expressions du genre multiples : chaque femme cis s’exprime à sa façon, quelles que soient ses préférences amoureuses ou sexuelles.
- Reconnaissance sociale immédiate : accès facilité à la légitimité féminine, tant sur le plan des droits que dans le regard des autres.
Cette diversité, même parmi les femmes cis, rappelle que chaque chemin reste unique, tout en respectant ce fil rouge : ne pas ressentir de décalage entre genre et sexe assigné.

Pourquoi cette distinction importe-t-elle dans les débats sur le genre ?
La définition d’une femme cis ne se limite pas à une étiquette ou à une case administrative. Elle structure aujourd’hui l’essentiel des discussions autour du genre, de l’égalité ou de la reconnaissance. L’identité de genre, longtemps confondue avec le sexe de naissance, s’est imposée comme une vraie question de société.
Avec la visibilité croissante des personnes trans et intersexes, le débat sort du cercle restreint des spécialistes. Employer les termes « cisgenre » et « transgenre », ce n’est pas complexifier pour le plaisir, c’est rendre possible la reconnaissance de parcours multiples, éclairer les discriminations persistantes, pointer l’urgence de lutter contre la transphobie.
Les instances comme l’ONU ou l’Organisation mondiale de la santé rappellent l’importance de distinguer sexe, genre et orientation sexuelle. Clarifier ces notions permet de mieux comprendre la réalité de chacun, d’aider aussi les personnes confrontées à la dysphorie de genre ou à l’invisibilité administrative.
Pour mieux saisir l’enjeu de ces débats, quelques points s’imposent :
- Dysphorie de genre : malaise ressenti quand il existe un écart entre le genre officiellement attribué et le genre profondément vécu.
- Expérience cisgenre : alignement et cohérence entre genre ressenti et sexe de naissance.
- Transphobie : violences et exclusions qui visent celles et ceux dont le genre se heurte aux attentes sociales majoritaires.
Ces distinctions, loin d’être des subtilités, traversent la loi, l’action publique et la vie quotidienne. Mettre un mot, c’est rendre visible. Qui aurait pensé, il y a quelques années seulement, que le choix du vocabulaire façonnerait si radicalement notre façon d’aborder la diversité humaine ?